ENJOY 30% OFF SUMMER SALE & FREE SHIPPING SITE-WIDE
LARUICCI X NYLON FRANCE

LE BRAZILIAN DREAM DE BIANCA COSTA

 

Bianca Costa est une des nouvelles artistes you must simply follow sur la scène musicale française. En remixant ses origines brésiliennes avec des inspirations worldwide, la chanteuse a prouvé qu’elle ne peut pas être mise en boîte ni épinglée sous un label. NYLON a rencontré Bianca à Paris et elle te raconte son refus d’être définie par quiconque d’autre qu’elle-même.

 

 

Du quadradinho à “Olé Olé”, Bianca Costa s’est imposée comme la nouvelle ambassadrice brésilienne de la scène musicale française. La chanteuse est née à Florianópolis dans l’État de Santa Catarina au sud du Brésil, mais a déménagé très tôt en Europe : d’abord au Portugal, puis en France avec sa mère. Aujourd’hui, son mélange de références culturelles, sonores et stylistiques reflète ses origines, ses émotions et ses points de vue, et surtout la fierté d’être qui elle est, telle qu’elle est. Il est difficile de définir et de représenter la culture d’un pays de 210 millions d’habitant.e.s aux proportions continentales. Le Brésil, vu de l’extérieur, est singulier, mais à l’intérieur, il est pluriel. Bianca, à travers ses voyages, a entendu tous les clichés, parfois drôles, parfois toxiques, sur sa culture et son peuple.

Aujourd’hui, l’une de ses missions est de montrer une autre facette de ce que signifie être Brésilien.ne. En se réappropriant les stéréotypes de sa propre culture, Bianca est décidée à sauver son identité en la présentant au monde d’une manière unique, et chantée dans une autre langue. Plus qu’une déclaration d’amour au Brésil, la musique de Bianca Costa est une love letter à l’estime de soi, comme elle l’a montré sur ses premiers EP Florianópolis et Le Baile– et elle continuera sur son premier album prévu cette année. NYLON a eu l’occasion de discuter avec la chanteuse qui te dit tout sur sa musique, ses inspirations, ses rêves et dévoile quelques surprises qu’elle te réserve pour son premier album. Chega mais !

 

Comment et quand as-tu découvert que tu voulais faire de la musique ?

J’ai toujours chanté depuis mon enfance. Mon grand-père jouait dans son église, donc j’ai toujours eu un peu de cette culture musicale qui grandissait et évoluait avec moi, mais dans d’autres styles. Quand j’ai déménagé au Portugal, c’est-à-dire quand je me suis un peu plus éloignée de ma famille, j’ai découvert Britney Spears ou Nelly Furtado. Dans ma tête, ça m’a ouvert des portes sur un autre monde, sur le fait qu’il n’y avait pas que de la musique d’église dans le monde ! J’ai donc découvert leur façon de faire des spectacles, des clips, les vêtements qu’elles portaient et avec ça, j’ai continué à écrire, à chanter et à jouer ; et petit à petit, j’ai évolué jusqu’à trouver mon propre style.

Tu es née au Brésil, tu as grandi en France, et tu montres ton héritage brésilien très fièrement dans ta musique, dans tes clips et dans tout ce que tu fais. Peux-tu nous parler de ce besoin d’indentification ?

Quand je suis arrivée en France, et tout au long de mon enfance et de mon adolescence, je me suis beaucoup interrogée sur mon identité. J’ai vécu au Portugal puis j’ai déménagé à Paris et j’essayais toujours de me trouver. Je me demandais « Qu’est-ce que je suis ? Suis-je Brésilienne ? Portugaise ? Française ? », et j’avais l’impression de n’être à ma place nulle part. Alors, quand j’ai commencé à chanter de manière plus professionnelle à l’âge de 18 ans, j’ai ressenti ce besoin de réaffirmer mon identité principale qui est brésilienne. Même si j’ai grandi dans d’autres endroits, j’ai toujours vécu avec ma mère qui est brésilienne, toute ma famille est brésilienne, ma culture et mon éducation étaient très brésiliennes, donc c’était logique de me réaffirmer en tant que Brésilienne. C’est ce que je suis, c’est ce que je ressens dans mon ADN. À partir de ça, je voulais ouvrir petit à petit à un côté plus français, qui fait aussi partie de mon identité, ou même portugais, mais toujours en réaffirmant cette identité qui est la mienne.

Y a-t-il un moment précis ou une raison pour laquelle tu as décidé de montrer ton côté brésilien dans ton art avec tant de fierté ?

Quand les gens m’ont dit que ça ne marcherait pas. C’est sans doute ce qui m’a donné envie de continuer à suivre ce chemin. Lorsque j’ai commencé à travailler avec des producteur.rice.s dans le milieu de la musique professionnelle, nous cherchions à développer un aspect unique de ma personnalité. Dans le milieu de la musique pop en France, ce différenciateur était mon côté brésilien. Bien sûr, pas d’une manière vague et clichée, mais dans mes paroles, dans ma façon de chanter, dans ma musicalité en général. J’adore mélanger la bossa-nova avec la trap, j’adore mélanger le funk carioca avec la drill, donc c’était important de trouver ce qui était spécifiquement mien et nouveau. Mais la vérité, c’est que beaucoup de gens ont dit que ça ne marcherait jamais. Certain.e.s me disaient que personne ne s’intéressait à la musique brésilienne en dehors du Brésil, d’autres m’ont dit que mon style ne marcherait pas et m’ont conseillé de faire de la musique française classique… C’est ce qui m’a donné envie de faire en sorte que ça marche. Quand j’ai sorti “AHOO” avec Chilla, Davinhor, Le Juiice et Vicky R, que je dis dans les paroles « Cinq étoiles sur l’maillot » et que je vois à chaque fois que je chante cette chanson, tout le monde chanter avec moi et ressentir un peu de cet empowerment aussi avec ces paroles, qui sont une référence super brésilienne, j’ai trouvé ça trop cool et c’est là que j’ai vraiment réalisé que ça pouvait marcher. Les rythmes brésiliens comme le funk sont des succès planétaires comme l’ont déjà prouvé des artistes comme Anitta, Ludmilla et Pabllo Vittar. Donc c’était ça, c’était le dynamisme et la volonté d’être la première personne à faire ça sur la scène musicale française, en chantant en français.

As-tu reçu des réactions négatives de la part de tes fans français.es qui ne comprenaient pas toutes les références – ou dans l’autre sens de la part de tes fans brésilien.ne.s ?

Il y a toujours des réactions négatives, quoi qu’on fasse. Ce qui m’a le plus affectée, c’est d’entendre certain.e.s Brésilien.ne.s vivant en France me rejeter parce que j’ai grandi ici, comme si ce que je faisais était une appropriation culturelle de ma propre culture. Et c’est quelque chose que je n’ai ressenti qu’avec les Brésilien.ne.s qui vivent ici, au Brésil, je n’ai jamais ressenti cela. Au Brésil, les gens m’ont si bien accueillie ! Je suis allée à Rio de Janeiro pour enregistrer avec des producteur.rice.s et des artistes de là-bas et ils ont justement adoré ce mélange avec le français parce que c’est différent, c’est cool. Au final, je suis ce que je suis et ils m’ont vue comme telle, une Brésilienne qui vit à Paris. Peut-être que les réactions négatives de ces quelques personnes reflètent plus elles-mêmes que moi. Mais en général, j’ai des réactions positives sur ce mélange, c’est quelque chose qui intéresse les gens. Les Français.es aiment beaucoup la culture brésilienne, et les Brésilien.ne.s aiment aussi la France, les deux cultures se parlent très bien.

Est-ce que le fait que tu oscilles entre France et Brésil, culturellement, te fait te sentir déconnectée ou exclue ?

Ouah, beaucoup ! Je me suis sentie très exclue, surtout quand j’étais petite. Durant l’enfance, ce sentiment d’appartenance à un groupe est très important et j’avais beaucoup de barrières, dans le sens où je ne ressemblais pas aux autres, ni physiquement, ni culturellement. Quand je suis arrivée en France à l’âge de 10 ans, je ne parlais pas français, donc c’était très compliqué à l’école. J’ai ressenti beaucoup de préjugés pendant mon enfance. Aussi bien en France qu’au Portugal, où les gens – pas tout le monde, mais une grande partie des gens – ont malheureusement une conception très laide et erronée du Brésil. J’ai entendu beaucoup de commentaires sur ma mère, sur l’endroit d’où je venais, sur mon accent. Aujourd’hui, je veux montrer au monde que je n’ai pas besoin de prétendre que je suis française ou quoi que ce soit pour être acceptée. Mais ce processus d’acceptation de soi n’a pas été facile et il m’a fallu beaucoup de temps pour me comprendre.

Y a-t-il une sorte de malentendu à propos du Brésil que tu souhaites dissiper avec ton travail ?

Plusieurs ! Je n’ai pas l’intention de résoudre tous les problèmes du Brésil, je suis qui je suis et je suis Brésilienne, et je sais que mon identité a un poids politique à cause de cela, mais je ne veux pas non plus que mon travail perde la légèreté et le sens de la célébration de la culture brésilienne, et que ça devienne quelque chose qui ne se concentre que sur le négatif. J’aime beaucoup jouer avec les stéréotypes de la culture brésilienne comme le carnaval, le football et la samba, parce qu’en fin de compte, nous sommes ces stéréotypes, et ils peuvent signifier quelque chose de positif. J’aime que les gens nous voient comme une fête et une joie parce que c’est notre héritage et qu’il mérite d’être célébré et respecté.

Évidemment, je ne peux pas non plus oublier qu’il existe des stéréotypes négatifs et qu’ils nous font du mal et sont dangereux pour nous. L’un d’entre eux, qui me touche beaucoup, est la représentation de la femme brésilienne. Je ressens aujourd’hui le besoin de montrer une facette de la femme brésilienne indépendante, forte, libre et maîtresse d’elle-même, qui va au-delà de la représentation quelque peu objectivée en dehors du Brésil. En tant que femme brésilienne, j’aime être sensuelle, j’aime danser, mais dans mon travail, j’évite d’amener les choses vers un côté très sexualisé pour éviter ce stéréotype. Mais même en évitant cet aspect, je vois que les médias français disent toujours que je suis « sexy », « caliente », « latine ». Et ça, c’est quelque chose que je veux déconstruire. Plusieurs fois, on m’a demandé ou conseillé de changer mes textes et d’être plus sensuelle car ça “vendrait plus”, mais ma mission est de représenter cet autre visage de la femme brésilienne qui est plus authentique mais qui est moins célébré. Nous sommes sensuelles, mais nous sommes aussi sensibles, travailleuses, acharnées et surtout propriétaires de notre propre sensualité ; et cela mérite d’être montré et reconnu dans le monde entier. Ne réduisez pas mon travail et mon identité à cela, s’il vous plaît !

 

''POUR MOI, LE STYLE DE BIANCA COSTA EST UNE MISTUREBA – UN GRAND BRIC-À-BRAC DE TOUT CE QUE TU PEUX IMAGINER. C’EST UN MÉLANGE DE NOSTALGIE, BEAUCOUP D’ÉMOTION ET DE SENSIBILITÉ, DE FORCE ET DE JOIE. C’EST CE MÉLANGE CONSTANT ENTRE SAUDADE, NOSTALGIE, TRISTESSE, DOULEUR, MAIS TOUJOURS AVEC UN ASPECT POSITIF, JOYEUX, FORT.''

 

 

LARUICCI Downright Shocking Hoop Earrings

SHOP NOW

 

Et pour la danse ? Le rebolado brésilien choque parfois à l’étranger, mais c’est une expression très importante de notre culture. Quelles ont été les réactions lorsque tu as présenté des mouvements comme le quadradinho à ton public non brésilien ?

Les gens trouvent ça cool et sont curieux d’apprendre, mais en même temps, d’autres le sexualisent et le jugent. Par exemple, une fois, j’ai fait un tutoriel vidéo sur la façon de danser le quadradinho sur TikTok et dans les commentaires, j’ai eu un tas de mecs machos qui disaient « Wow, c’est sexy ! », alors que je faisais juste un tutoriel de danse. Ça m’a montré tout le travail qu’il reste à faire pour déconstruire cette image dangereuse à notre sujet. Je ne vais pas arrêter de danser ! Beaucoup de gens disent aussi que je le fais pour provoquer, ou comme stratégie marketing pour promouvoir mes chansons ou mes spectacles, mais ce qu’iels ne comprennent pas, c’est que c’est, comme tu l’as dit, une partie très importante de l’expression de notre culture. Et c’est quelque chose que j’adore quand je vais au Brésil, je me sens tellement bien quand je vais à des fêtes et que je peux danser comme je veux sans que personne ne prenne ça comme une invitation à me manquer de respect. Je veux que ma musique, ma danse et mon spectacle soient toujours des espaces où n’importe qui, indépendamment de sa culture, de son genre, de sa sexualité ou de sa couleur, puisse danser et s’exprimer comme iel le souhaite, tout comme moi.

C’est intéressant cette conception de la danse comme arme de libération car c’est bien vrai, danser c’est pouvoir !

Totalement ! Danser, c’est une expression, c’est moi qui utilise mon corps pour exprimer quelque chose qui m’appartient. C’est un outil tellement fort et je pense que celui ou celle qui regarde sans préjugé reçoit cette énergie très cool et positive. Quand je vois des vidéos d’autres filles ou de n’importe quelle personne qui danse, je ressens une énergie de force et j’ai juste envie de danser avec la personne ! Je ne regarderai jamais une personne qui danse avec jugement, c’est une expression artistique qui va bien au-delà de ça. Si quelqu’un me juge pour ma danse, c’est son problème, pas le mien.

Si tu pouvais choisir n’importe quel artiste pour le featuring de tes rêves, ce serait qui ?

Je ferais une bête de chanson avec Rosalía et Anitta… Et Karol G ! Nous quatre dans une bête de chanson avec un bête de clip !

Quelle est ta relation avec la mode ? Comment définirais-tu le style de Bianca Costa ?

Libre ! Confortable… J’aime me sentir gostosa, bien avec moi-même, j’aime me sentir streetwear. J’aime la couleur, mes ami.e.s me disent toujours que je ne porte que de la couleur ! J’ai des vestes et des chemisiers de toutes les couleurs, donc je dirais que mon style est très coloré et spontané.

 

LARUICCI Belt from FW22 RTW Collection

 

Et le style musical ?

Pour moi, le style de Bianca Costa est une mistureba – un grand bric-à-brac de tout ce que tu peux imaginer. C’est un mélange de nostalgie, beaucoup d’émotion et de sensibilité, de force et de joie. C’est ce mélange constant entre saudade, nostalgie, tristesse, douleur, mais toujours avec un aspect positif, joyeux, fort.

Très Brasil !

Beemmm Brasil ! Tu pleures mais tu danses en même temps !

Alors, y a-t-il un album ou un EP en chemin ?

Oui ! J’ai sorti le titre “Olé Olé” en mai, qui fait partie de mon nouvel album que je vais sortir avant la fin de l’année. Ce sera un album avec beaucoup de styles musicaux qui se croisent. “Olé Olé” **est une chanson où je parle de vérité, de sortir de certaines relations toxiques que j’ai vécues, mais de façon très légère – c’est une chanson très très importante pour moi. Cet album est assez introspectif, j’essaie de parler encore plus de moi et en même temps d’aider les plus jeunes qui traversent peut-être les mêmes choses. Cet album, c’est un peu comme une grande sœur qui te conseille !

Ça a l’air tellement cool ! Est-ce que je peux connaître le titre de l’album ?

Nahh ! (Rire.) Je ne peux pas encore le dire !

Mais vous le saurez quand le moment sera venu.

Quel est l’objectif de tes rêves en tant qu’artiste ?

Je veux chanter au Maracanã (le mythique stade de Rio, ndlr) ! Un tout petit rêve ! J’ai encore un peu de chemin à faire, mais je veux y arriver. Un autre objectif est de chanter au Brésil, devant un public brésilien. J’ai très envie de savoir qui m’écoutera là-bas et qui se connectera à moi en tant qu’artiste. En France, j’ai vraiment envie de faire un Bercy. C’est un endroit que j’ai beaucoup fréquenté, où j’ai vu beaucoup de mes artistes préféré.e.s. Ce serait génial !

Et un Stade de France ?

Un Stade de France aussi, c’est sûr !

 

Source: https://www.nylon.fr/le-brazilian-dream-de-bianca-costa/

 

Credits:

Talent: Bianca Costa

Journaliste : Lucas Dias 

Photographer : Helène Tchen

Styling : Nicolas Dureau

Hair : Miwa Moroki 

Makeup : Marieke Thibaut

Nails : Ines Okaci

Setdesign : Lola Carriere

Video : Hugo Gatefait

Assistant styling : Liam Derouiche

Assistant photo : Téné Niakaté 

Assistant Set Design : Julien Rahmani

 

July 25, 2023 — Victoria Velandia

Leave a comment